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Voyage d’Iqaluit à Gaspé

Radio-Canada/Ici Québec
 »Une nuit d’amour à Iqaluit n’a rien de convenu, au contraire. Le titre paraît même ironique lorsqu’on termine la dernière page du livre. C’est un récit déstabilisant, où le malaise est maître. C’est un roman dépaysant, franchement réussi.  »Radio-Canada/Ici Québec, Anne-Josée Cameron

le 24 avril 2021

Les deux romans suggérés cette semaine ont en commun d’être déstabilisants. Une nuit d’amour à Iqaluit propose une héroïne atypique et La révolution d’Agnès, un récit étrangement décalé.


Une nuit d’amour à Iqaluit (Hashtag)
Felicia Mihali


Une jeune Montréalaise d’origine roumaine part vivre à Iqaluit, au Nunavut, afin de travailler comme enseignante de français. Là-bas, elle se lie avec l’agent Liam O’Connor, l’oncle d’une élève qu’elle supporte difficilement.

Une nuit d’amour à Iqaluit est un roman au titre convenu qui laisse présager une lecture mièvre. Et pourtant, c’est tout le contraire qui nous est offert dans cette histoire. Ici, l’amour n’a rien de facile, c’est plutôt un jeu de traque.

L’agent m’a regardée, accablé. Malgré sa détresse, j’éprouvais de nouveau cette vague sensation que notre rencontre n’était pas accidentelle, mais j’étais décidée à ne pas le laisser m’intimider. Il n’avait aucun droit de me traîner dans cet endroit, de me faire boire ce vin aigre et de débattre de questions qui nous divisaient profondément.

Une citation de :Extrait du roman « Une nuit d’amour à Iqaluit »

L’amour chez Mihali semble surtout associé au malaise, au deuil et au mensonge. On ne s’éprend pas de quelqu’un, on rend les armes.

Une photo de l'écrivaine.

L’écrivaine Felicia Mihali a publié de nombreux romans, dont le dernier s’intitule « Une nuit d’amour à Iqaluit ».

PHOTO : DANILA RAZYKOV

La singularité du récit tient également au caractère antipathique de l’héroïne, Irina. Elle est froide, mesquine avec certains élèves, souvent indifférente aux gens qui l’entourent. Cela s’explique peut-être par son passé, révélé dans un autre roman, publié il y a 10 ans, sous le titre La bien-aimée de Kandahar.

Et pourtant, quel roman intéressant! Les observations de l’héroïne sur la société inuit, sur ces Blancs en quête d’exotisme, sont éclairantes. Felicia Mihali décortique avec beaucoup de finesse les rapports entre ces deux sociétés, les malentendus qui les opposent et qui parfois les réunissent.

L’écrivaine aborde aussi le thème de la filiation dans ce texte, comment celle-ci définit les individus. Elle évoque avec sensibilité le lien qui unit une mère à son enfant et le nécessaire éloignement qui permet parfois l’émancipation de celui-ci.

Une nuit d’amour à Iqaluit n’a rien de convenu, au contraire. Le titre paraît même ironique lorsqu’on termine la dernière page du livre. C’est un récit déstabilisant, où le malaise est maître. C’est un roman dépaysant, franchement réussi.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1781198/livres-romans-feminisme-gaspesie-russie-iqualuit-amour-nunavut?fbclid=IwAR3BHiJB3xpaLvxPOTk4tFCHG-tow9cDOwGXZqdBPUkigvH59PsuayTHLWg