Marelle et discorde : le feu à l’enfance
Excellente chronique sur Marelle et discorde, signée par Valérie Lessard sur les ondes de ICI Ottawa Gatineau:
« L’enfance de Mikael Gravelle n’a pas été rose, entre le rouge aux fesses quand son père lui fait une accolade/avec sa ceinture et le blanc des os après un élan de bonté d’une mère qui le pousse du haut des escaliers.
Artiste visuel formé en bande dessinée et en graphisme à l’Université du Québec en Outaouais, Mikael Gravelle sait comment imager la pauvreté dans laquelle il a grandi (et pas seulement celle d’un frigo vide), ainsi que sa quête identitaire entre les Barbie qu’il préfère aux camions, puis la douche obligatoire de certains lieux de rencontres et les condoms.
Certains petits garçons se cachent derrière la jupe/de leur mère,/mais ces habitués/s’assouvissent sous celle que je porte, décrit-il d’un style incisif, aussi provocateur qu’évocateur.
Marelle et discorde est tout empreint de ses désillusions affectives, des cinq familles d’accueil au sein desquelles il a posé ses valises ayant mal à la tête, à cet homme qu’il aime trop, mal, et pour lequel il voudrait se cacher dans les traces de [s]es pas/en petite boule, telle l’ombre d’une main ou d’un chien dans la chanson de Jacques Brel.
Le Gatinois s’expose, noir sur blanc. Il nous entraîne à sa suite de l’étourdissement du ventre vide de l’enfant à celui des marges dans lesquelles il évolue devenu adulte, porté par sa faim d’être aimé.
Il est à noter que le Gatinois signe l’illustration de la couverture d’Icare, de Carl Philippe Gionet. D’ailleurs, à lire ces deux titres en parallèle, on pourrait presque croire qu’ils se répondent, à certains moments, non pas par la forme autant que par les troublantes amours qu’ils racontent, chacun à sa manière.»